Clarisse Agbégnénou : retour gagnant aux Championnats du Monde de judo au Qatar
C’est sous une chaleur écrasante à Doha, dans l’Arena Ali Bin Hamad Attiyah mercredi 10 mai que Clarisse Agbégnénou dans la catégorie des moins de 63 kilos a marqué une nouvelle fois l’histoire de son sport, le judo. Sixième titre de Championne du Monde pour celle que l’on surnomme « Gnougnou » dans son cercle proche ou le « Bulldozer » selon son entraîneur Ludovic Delacotte. Mais qui se cache derrière ces surnoms ?
Agbégnénou, une histoire de vie qui démarre mal
Véritable rayon de soleil, Clarisse est de celles qui vous donne tout de suite le sourire quand vous la rencontrez. Pourtant, dès sa naissance en 1992, elle n’est pas épargnée par la vie. Réanimée dès sa venue au monde avec son jumeau Aurélien, elle a passé ses quatre premières semaines en couveuse. Une malformation rénale a été aussi découverte nécessitant une opération et mettant à mal toute sa famille. Clarisse est aujourd’hui marraine de l’association SOS Préma qui est la première association française d’aide et soutien aux familles d’enfant prématuré. Elle parle volontiers de cela dans la presse et avec beaucoup d’émotion.
Une femme, une judokate, une maman
« Devenir maman avant les Jeux à Paris, c’était plus fort que moi » confie Clarisse Agbégnénou. Les carrières s’allongent et de plus en plus de sportives allient vie personnelle et professionnelle. Bien que moins concentrée sur le judo, elle n’est pas moins performante pour autant. C’est de l’organisation au quotidien comme elle aime à le dire en interviews et ses journées son bien rythmées. L’Institut National du Sport, de l’expertise et de la performance où elle s’entraîne une grande partie du temps favorise cela. Une crèche pour les enfants du personnel et de sportifs y est même implantée. Ecouter ses envies et apprendre à concilier sport et maternité, c’est peut-être cela le secret de la championne olympique en titre de retour à la compétition après 11 mois d’absence. Athéna sa fille est sa plus fervente supportrice tout comme sa famille, son clan, toujours réunis autour d’elle dans les compétitions internationales. Il n’y a qu’à tourner la tête dans la tribune réservée aux familles et aux staffs pour voir sa maman bébé dans le dos.
Un plateau relevé, un titre mérité
En route vers son 6e titre mondial chez les moins de 63 kg et sous les yeux de sa fille, l’athlète de 30 ans avait commencé son championnat avec une victoire contre la Serbe Anja Obradovic, 30e mondiale, au terme de 3 minutes 45 de combat. Elle s’était ensuite imposée par ippon en prolongation face à la Cubaine Maylin Del Toro Carvajal, livrant un combat intense contre la 16e mondiale et récente finaliste du Grand Slam de Tel Aviv. Au troisième tour, face à l’Israélienne Gili Sharir, 7e mondiale et victorieuse du Grand Slam de Paris début février, elle a de nouveau été contrainte à la prolongation, avant de l’emporter par waza-ari. En quart de finale, elle rencontre Catherine Beauchemin-Pinard et remporte le combat sur un magistral ippon. Elle enchaîne en demi-finale avec Lubjana Piovesana qui tente des attaques sur prise de garde. Clarisse Agbégnénou sur ses gardes, ne se fait pas surprendre. Elle parvient à imposer son rythme pour faire parler sa puissance et terminer avec un waza-ari et un ippon. En finale face à Andreja Leski la slovène, elle trouve la faille et contre une offensive de son adversaire puis l’immobilise. La foule se lève et en liesse clame « Clarisse, Clarisse ».
Quelques minutes après son combat, au micro de nos confrères de la Chaîne l’Equipe elle se confie « Je ne pouvais pas rêver mieux. (…) Il me reste encore des choses à travailler pour Paris 2024, mais je suis fière, c’est le titre le plus difficile, j’ai beaucoup travaillé pour en arriver là, beaucoup pleuré aussi. »
L’adjudante Agbégnénou consolide son très beau palmarès pour la France en judo et se prépare au mieux, à un an des Jeux Olympiques de Paris 2024.
Beau clap de fin pour ces Championnats du Monde de Judo 2023 pour Clarisse !