Amel Wahby : « L’audace est le moteur de la créativité »
Amel Wahby, de son vrai nom Amel Nour El Houda Harkat, artiste chanteuse algérienne et représentante de « Sidaction » 2011 /2012, marraine depuis 15 ans de SOS village enfants Algérie ainsi « Enfant malade arc en ciel « en France, femme active dans la société civile. Amel est honorée par l’UNESCO en 2016 pour son rôle qui enrichit la chanson et le cinéma Arabe.
Propos recueillis par Nassera Benrama
N.B : Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Quand est-ce que vous avez commencé à chanter Amel?
A.W : Je suis artiste algérienne native de Skikda, ville côtière de l’Est algérien. Je suis l’ainée de quatre fratrie. Ingénieur d’Etat en agronomie, j’ai effectué mes études supérieurs entre Alger et PARIS. Mariée et maman de trois enfants : 9 ans, 7ans et 2 ans. J’ai débuté ma carrière d’artiste en 1997 à partir de Paris après plusieurs castings dans la musique, ensuite je me suis dirigée vers l’Égypte, plus précisément au Caire, où j’ai eu l’opportunité de rencontrer de grands compositeurs.`
J’ai commencé à collaborer avec l’auteur compositeur Medhat El Khouly, d’ailleurs c’est lui qui m’a composé mes toutes premières chansons . J’ai produit sept albums avec plusieurs tubes dont « El khayala » un succès retentissant dans tout le monde arabe, j’ai même occupé le hit-parade pendant des mois.
N.B : Avant Paris et le Caire vous avez eu un début artistique dans votre ville natale, non ?
A.W : Effectivement, mes débuts étaient à Skikda où j’étais inscrite au théâtre, juste après l’obtention du bac, c’était un passage très court avant de rejoindre Alger pour des études supérieures à l’Institut National d’Agronomie.
N.B : Vous avez combien d’album à votre effectif ?
A.W : Neuf albums et plusieurs succès (el khayala,chokolata, rabii sana, bratni, min bahr li tani,nahib el bahr, pantin de fer Oriental. (elle rigole et continue)vous savez, j’utilise souvent l’humour pour dénoncer l’injustice et le sexisme (chocolata,yabeit,mama loca) ainsi que certaine hypocrisie dans les sociétés fermées. Mon public sait que durant mon parcours, j’ai fait plus de 16 clips, parce qu’il me suit.
N.B : En plus de l’amour et la femme, vous avez pris le micro et la parole pour faire face aux terroristes. Pourriez-vous nous dire un peu plus de cette expérience ?
A.W : Ah oui, vous me faites rappeler une dure épreuve que mon pays a traversé, une décennie noire où le terrorisme et l’extrémisme a voulu détruire tout ce qui est beau dans notre Algérie (les larmes aux yeux, elle soupire)je voulais dire haut et fort « basta », j’ai donc fait la chanson (Kafer) “mécréant” en français. Ce qui m’a valu des menaces, mais, en contrepartie j’ai gagné le respect et l’encouragement de mon public et des intellectuelles égyptiens, français et algériens.
N.B : Vous avez collaboré avec des artistes tout au long de votre carrière. Avec qui aimeriez-vous travailler à l’avenir ?
A.W: J’ai fait plusieurs duos dans l’un les plus connus qui m’a valu cette notoriété dans la chanson. C’était avec (Elkhayala )avec El raisse METGUAL. Il est un grand chanteur et musicien, folklorique de l’époque en Égypte.
Aujourd’hui, j’aimerais collaborer avec une certaine génération de nouveaux chanteurs et artistes dans l’urbain, tel que Soolking et Zaho Amel Bent aussi certaines collaborations avec des chanteurs de Chaabi algérien ou du chant urbain algérien .
N.B : Quel est votre processus créatif lorsque vous êtes en plein préparation de nouvelles chansons?
A.W : Il est essentiel pour moi de m’inspirer de toutes les sonorités nouvelles autour de moi, mais de rester toujours à la recherche du sujet pertinent attractif, et pourquoi pas amusant avec un message toujours humaniste et sociétal.
La rencontre aussi de compositeurs, de musiciens et de paroliers qui vont être à chaque fois, la team et le moteur de cette belle aventure artistique par rapport à un album, à moi-même et à la chanson. Aujourd’hui je collabore avec AG groupe, composé d’un compositeur, d’un arrangeur (Josslin) et d’un excellent parolier, liner, hors-pair qui n’est autre que Abdelhak Gouard, ainsi que Laura Genoux et Universel Musique France pour la distribution.
N.B : Pouvez-vous nous parler de votre dernier album et de ce qui vous a inspiré ?
A.W : Comme je vous l’ai dit auparavant, il s’agit d’un travail de groupe, on s’inspire tous de nouvelles sonorités, de l’apparition d’un style urbain français et algérien et pourquoi pas international et oriental donc des sonorités très variées avec des sujets parlants de la philosophie de la vie, de l’amour, de l’espoir, de la solitude et de l’endurance, inspirée, également par notre expérience de la Covid. Vous savez, le combat de l’être humain et de son quotidien sont aussi une source d’inspiration.
Se surpasser du combat de la femme, à être forte et de son implication dans le processus général pour son développement affectif et son indépendance bien sûre d’une manière poétique, et c’est là où apparaît le vrai miracle de l’écriture simple, pertinente et utile.
N.B :Vous êtes connue pour mélanger différents genres musicaux dans votre musique. Comment décidez-vous sur le style que vous incorporez dans vos chansons ?
A.W: Je pense que l’audace en musique et dans tous les arts est l’un des moteurs de la créativité et surtout du renouveau .
Je me suis donnée alors cette liberté d’appartenir au monde entier aux sonorités internationales. Donc il n’y a plus de limite, nous pouvons mélanger d’une manière harmonieuse tous les sons, les styles et les sonorités musicales.
Toutefois, il est nécessaire de garder son originalité, un fil conducteur depuis le premier album jusqu’à aujourd’hui, peut-être dans la façon de chanter, dans le choix de mes textes, dans les angles d’attaque d’un sujet, et même dans mes choix des instruments utilisés. Il va y avoir toujours une cohérence avec ce que je suis et ce que j’ai choisi d’être comme artiste, chanteuse .
A savoir que les plateformes et les réseaux sociaux ont réduit considérablement la notion du monde et de l’international. Du faite que dès que vous postez votre chanson elle devient Internationale.
N.B : Mme Amel Wahbi pour faire interagir un public jeune vous utilisez les nouvelles technologies et les réseaux sociaux ?
A.W :Pour faire interagir un public jeune bien sûr que je dois utiliser les nouvelles technologies et les réseaux sociaux : Instagram, Tik Tok,, Facebook ,YouTube ainsi que toutes les plateformes de musique tel que ITunes,Deezer et Mazica…
Aujourd’hui, il est absolument indispensable en musique d’être dans ce système pour la promotion et la distribution du produit artistique.
N.B : Comment vous préparez-vous pour un concert et quelle est votre approche pour interagir avec le public ?
A.B :A chaque fois que j’ai un concert pour moi, c’est un moment de partage unique, je me prépare du mieux que je peux en choisissant les chansons que je vais présenter à mon public, surtout celles que le public attend, des nouveautés aussi. Dieu merci, j’ai toujours eu un public très interactif avec moi . Nous partageons les émotions de joie avec un rythme soutenu de mélancolie quand il s’agit des sujets sur l’amour maternel, l’exil, le chagrin d’amour et les différents sujets humains et humanistes tel que les guerres, la séparation…..
N.B :Comment la musique a-t-elle évolué en Algérie depuis le début de votre carrière ?
A.W :La musique algérienne est connue pour sa diversité selon les régions. Selon les cultures, il y a du folklore de tout genre par exemple le shawi le tergui le chaibi le kabyle, l’andalous et le raï. Tous ces styles musicaux nous ont permis un brassage et l’apparition de nouveaux styles de musique. Aujourd’hui, il y a du chaabi moderne. Il y a du kabyle moderne, du rai moderne de la musique mélangée aux sons occidentaux, à de l’orientale aussi ce que je fais, on a aussi un style d’urbain très prisé par la jeunesse. C’est une évolution d’un rap d’un genre unique en Algérie , qui s’appelle zankaoui.
Dans beaucoup de chanteurs évoluants en France en excellent tel que Soolking, l’Algerino , même DJ Snake, qui s’est beaucoup inspiré des sonorités algériennes dans le dernier titre connu mondialement.
N.B :Comment utilisez-vous votre voix pour communiquer des émotions à travers votre musique ?
A.W :La voix est souffle de l’âme portée par des mélodies des paroles et une magnifique orchestration de son Ma voix se met au service de l’émotion de la chanson et du sens des paroles.
L’écoute est aussi très importante pour moi sur scène pour pouvoir communiquer cette émotion .
N.B : Comment conciliez-vous votre carrière musicale avec votre vie personnelle et familiale ?
A.B :Il m’a été difficile de concilier ma carrière et ma vie familiale au début. D’ailleurs c’est un des combat des femmes actives qui se voient souvent mettre en pause leur carrière pour élever des enfants dans mon cas 3 enfants. Mais je n’ai fait qu’une pause..
Aujourd’hui, je reviens avec la même envie et la même énergie qu’à mes débuts. L’organisation et l’implication de toute ma famille m’aide à évoluer.
N.B : Quels sont vos projets pour l’avenir et quelles sont les choses que vous espérez accomplir dans votre carrière musicale ?
A.W : J’ai sorti deux singles, Le tour de la terre, Khilaha alaallah. Aujourd’hui, je m’apprête à sortir un album de 10 chansons ( en français, égyptien et algérien). Je prévoie de tourner deux clips ainsi qu’une tournée de 7 concerts en Algérie.. Ce que j’espère accomplir, c’est de pouvoir produire des chansons, des clips, être toujours avec mon public, chanter sur scène, vivre de tout mon cœur et de toute mon âme en réalisant les choses que j’aime faire, chanter et aussi être actrice pour défendre tout simplement la voix de la femme, la voix de la mère, la voix de l’humain, nos souffrances, nos joies, le plaisir d’entendre une belle musique, une belle voix, de danser, de rire et de pleurer.
N.B : Après la tournée que vous comptez faire en Algérie, avez-vous un programme ici en France ou ailleurs?
A.W :Travailler sur mon come-back en Algérie, chose que j’ai commencé à faire avec succès, plateaux télé, Interviews tout média. Je veux être présente sur les réseaux tel que Instagram Facebook et TiK tok …en ce qui concerne la scène française, tout un programme est fait pour l’an 2025. Une tournée dans quelques villes de France. Parraine par des radios comme radio Beur Radio orient et l’Institut du monde arabe.
N.B : Avant de terminer, cette précieuse rencontre, parlez-nous de votre nouvelle expérience dans le cinéma ?
A.W : Une expérience assez timide, au cinéma, j’ai participé dans un film qui raconte le combat des intellectuels Algériens contre l’intégrisme islamique (mémoires de scène) sorti en 2016, réalisé par Abderahim Làaloui qui m’a d’ailleurs confié le premier rôle devant les plus grands noms du cinéma Algérien.
N.B: Votre public a le droit de connaitre le coté humanitaire de Amel Wahbi, n’est-ce pas ?
A.W : Je suis représentante de Sidaction en Algérie 2011 /2012, marraine depuis 15 ans de SOS village enfants en Algérie ainsi qu’Enfant malade arc en ciel en France. Je suis également Marraine de la JIVEP (Journée Internationale du vivre ensemble en paix) en 2022-2023, cette journée est décrétée par l’ONU. Je suis mariée et maman de trois enfants de Kenzi 15 ans, Amélia 14 ans et de Maelys 8 ans, je peux vous dire qu’Amel est très active dans la société civile, vous savez que je suis auteur-compositeur d’une partie de mes chansons et chanteuse reconnue dans tout le monde arabe, j’étais honorée par l’UNESCO en 2016 pour mon rôle qui a enrichit la chanson et le cinéma Arabe.
N.B : Quel message adressez-vous à votre public en 3 mots?
A.W : Ce que je peux dire à mon public en trois mots, que vous êtes:
– Fidèle,
– Sensible,
Et surtout …je vous aime.