Le grand couturier Paco Rabanne tire sa révérence
Le monde de la mode est en deuil. Vendredi dernier, l’emblématique Paco Rabanne nous a quittés à l’âge de 88 ans. Retour sur le destin légendaire du plus décalé des créateurs, passé de survivant à « plastiqueur de la mode ».
« La femme de demain sera efficace, séduisante et sans conteste supérieure à l’homme. C’est pour cette femme que je conçois mes créations. »
confiait Paco Rabanne dans son livre Trajectoire. D’une vie à l’autre, publié en 1991.
Le couturier, connu pour son excentricité et son avant-gardisme vient de quitter la scène après un demi-siècle de mode. Fils d’une première main de Balenciaga, ce franco-espagnol d’origine basque avait trouvé refuge dans le Finistère en février 1939. Il n’avait depuis jamais caché le lien précieux qui l’unissait au Pays du Morlaix, où il vécu à Brest, caché de la Gestapo jusqu’en 1947.
Paco Rabanne le métallurgiste
De 1951 à 1963, Paco Rabanne est étudiant en architecture aux Beaux Arts de Paris. À l’époque, la mode n’est pour lui qu’un gagne-pain comme un autre. Il finance ses études en réalisant des dessins de sacs pour Roger Model et de chaussures pour Charles Jourdan. S’il était plutôt réservé quant à sa vie privée, c’est bien sa patte visionnaire et futuriste qui le propulse sur le devant de la scène. Il faut d’ailleurs attendre 1959 pour que sa première collection soit publiée : une série novatrice de sept robes aux lignes géométriques. Après l’obtention de son diplôme en 1964, il se lance aussitôt dans la création d’accessoires, comme des boutons et des broderies, qu’il vend à Balenciaga, Dior et Givenchy pour leurs collections haute couture.
Chantre de la mode métallique, Paco Rabanne s’illustre à travers ses silhouettes « space âge », une brève tendance des années 60 qui mêlait coupes droites, palettes de couleurs restreintes et formes géométriques. Ses créations étaient réalisées avec des matières industrielles ou des pièces de métal qu’il assemblait lui-même. C’est dans ce contexte qu’il présente en 1966 à l’hôtel George V, sa collection « Manifeste », une ligne de 12 robes cousues à partir de matériaux improbables qui devient la signature de son style audacieux et décomplexé. Sa carrière prend alors un nouveau tournant puisqu’il ouvre sa première boutique au 33 rue Bergère à Paris quelques mois après.
Le féminin au delà des codes
Celui qu’on appelait « le plastiqueur de la mode » était aussi célèbre pour ses nombreuses collaborations avec des célébrités du cinéma, de la danse et de la musique. Parmi elles, Jean-Luc Godard, Stanley Donen, Mylène Farmer ou encore Françoise Hardy. En 1966, cette dernière devient l’icône d’un modèle phare de la maison : la mini-robe trapèze. Surnommée « la robe la plus chère du monde » la pièce était composée de mille plaquettes de neuf kilos d’or, trois cents carats de diamants, cinq mille anneaux d’or, ainsi que vingt-deux diamants au niveau de l’encolure. La même année, les danseuses du Crazy Horse font fureur en s’affichant fièrement dans des maillots de plage en rhodoïd pour le défilé du designer au Crazy Horse Saloon.
À partir des années 90, Paco Rabanne se fait plus discret sur les podiums mais reste indéniablement présent sur les tapis rouges. Ainsi, il habille Lady Gaga d’une robe cosmique pour sa performance aux MTV Europe Music Awards mais également les soeurs Olsen à l’occasion du MET Gala 2018 (« Heavenly Bodies : Fashion and the Catholic Imagination »). Un couturier légendaire aujourd’hui passé du côté des saints qui continue d’inspirer par son esprit révolutionnaire et sa quête perpétuelle de renouveau.
Je me coucherais moins bête ce soir 😀
Très bel article !