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RAMÈNE TA FRITE !

EDITO – En Belgique, la crise sanitaire du Covid-19 a entrainé une grande baisse de la consommation. La pomme de terre est le produit le plus touché du secteur alimentaire. Les Belges ne consomment plus de frites. 750 000 tonnes de pommes de terre risquent d’être jetées.

« Mangeons tous des frites, deux ou trois fois par semaine ! ». C’est ce qu’a déclaré Romain Cools, le secrétaire général de Belgatom, l’organisation belge qui fédère les producteurs et les transformateurs de pommes de terre. La crise du Covid-19 a entrainé une baisse de la consommation. Restaurants fermés, festival de la frite annulé, friteries ouvertes pour la vente à emporter mais désertées…Le résultat : 750 000 tonnes de pommes de terre risquent d’être détruites. Les Belges ne manquent pas de solution. Impossible pour eux de laisser leurs frites, leur symbole national, dépérir ! Belgatom invite les belges à manger massivement des frites pour sauver le secteur du tubercule. Une occasion de se gaver comme des cochons et de finir obèse. « La moitié de la population mondiale sera obèse dans 10 ans » a déclaré l’Organisation mondiale de la santé. Qu’importe l’obésité quand on peut manger des frites au petit-déjeuner, au déjeuner et au dîner ! Les patates sont gratuites jusqu’à fin mai, autant en profiter. Les plus avares des belges seront au rendez-vous. Leurs frigos débordent déjà de nourriture et les placards de la cuisine sont toujours plein à craquer. Pourtant, ils ne cessent de vouloir plus et seront les premiers à se servir et à réclamer les patates gratuites. Ils ne s’arrêteront pas de manger tant que leur ventre bedonnant ne fera pas exploser le bouton de leur jean. Brel l’a suffisamment chanté : « les bourgeois sont comme des cochons ». 

La deuxième super solution, c’est la livraison. Pour écouler les stocks de pommes de terre, vingt-cinq tonnes seront distribuées aux banques alimentaires. La ministre de l’Agriculture flamande, Hilde Crevits, a déclaré au Brussels Times qu’ « une partie du stock de pommes de terre sera utilisée et nous pourrons éviter de perdre d’excellents produits ». Une initiative à l’apparence généreuse et altruiste qui cache en réalité un grand danger. Certes, les bourgeois ne seront pas les seuls à bénéficier de pommes de terre et de frites gratuites. Les sans-abris, les migrants et les plus démunis pourront se nourrir, eux aussi, grâce aux associations et aux banques alimentaires. Mais, est-ce la meilleure solution ? Le personnel soignant le répète depuis des semaines, il craint une deuxième vague de contamination. Envoyer des livreurs à vélo pour livrer des frites, ou en camion pour livrer des pommes de terre, revient à lâcher les agneaux dans une meute de loups. Le virus est toujours là, aux aguets, et ne disparaitra pas pour les pommes de terre. Le gouvernement belge et l’organisation Belgatom sont-ils prêts à sacrifier leurs hommes pour assurer la prospérité de la patate ? C’est ce que semblent sous-entendre ces mesures. Peu importe les mesures barrières : les gants, les masques et les deux mètres de distance ne suffisent pas. En Belgique, le nombre de victimes s’élèvent à 7 500. Ne négligeons pas l’injonction des médecins « restez chez vous ! » au profit des patates et de l’air entrainant des Tuches : « des frites, des frites, des frites, des frites ! ». 

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