Station balnéaire sur le front de mer, Mers-les-Bains présente un joyau d’emprunts de couleurs et de curiosités. Dès 1869, les premières villas commencent à faire leur apparition.
A l’origine, la ville de Mers-les-Bains était un village de pêcheurs. C’est avec le développement de bains de mers et à la facilité d’accès à la ville par le chemin de fer, que celle-ci s’est transformée en station balnéaire et est reconnue et classée dans le patrimoine urbain. Le chemin de fer fait venir sur le littoral de la côte picarde, des vacanciers parisiens dits « baigneurs », au XIXème siècle. Ce ne sont pas n’importe quels vacanciers qui s’y rendent. En effet, ils sont issus de classe sociale aristocrate et de la haute bourgeoisie. C’est à travers eux que premières résidences secondaires sont construites.
Edouard-Jean Niermans : un des dix architectes à l’origine des villas colorées.
Près de 500 villas constituent ce quartier du littoral picard. Il y a différents styles architecturaux comme l’art déco et l’art nouveau qui sont utilisés dans la réalisation des villas très colorées. En dessinant les plans de constructions, dix architectes ont eu l’idée de donner un nom à chaque villas. Souvent, ce sont des noms féminins. Parmi les dix architectes, Edouard-Jean Niermans, est un néerlandais de la Belle Epoque et naturalisé Français en 1895. Il est célèbre pour ses nombreuses réalisations architecturales telles que l’Hôtel Negresco à Nice, le Moulin Rouge à Paris, le théâtre Mogador à Paris. A Mers-les-Bains, il réalise 7 villas comme La villa Parisienne, Les Iris, Les Cyclamen, La villa Française, de 1899 à 1907.
Mais qui est vraiment cet architecte et quel est son parcours ?
Edouard-Jean Niermans (1859-1928) est un architecte qui a décidé de suivre les pas de son père lui-même architecte. Il poursuit des études d’enseignement artistique à l’École polytechnique de Delft dont il sort diplômé en 1883. En 1895, Édouard Jean Niermans qui a francisé son prénom obtient la nationalité française. Parrainé par Charles Garnier, il est admis au sein de la Société Centrale d’Architecture. A Mers-les-Bains, il construit des villas possédant plusieurs unités d’habitation. Parmi elles, la villa Jan et Helena (1902-1903) est exceptionnelle car, elle est construite en l’honneur de ses enfants.
« Un caractère décoratif tout à fait nouveau et fort intéressant »
La villa située à quelques mètres de la plage, est élevée sur trois niveaux ave un sous-sol. L’architecte « a su installer de nombreuses chambres à coucher avec une réception suffisamment grandiose dans une surface relativement restreinte« , selon les Monographies de bâtiments modernes de Raguenet. Il vante l’excellence de l’architecte. Aussi, l’implantation des pièces est en fonction de la hiérarchie sociale, c’est-à-dire, au troisième étage ; les étages nobles abritent les chambres des maîtres ; les gens de maison, bonnes et domestiques, sont logés au sous-sol.
Au premier étage, les membrures cintrées des bow-windows ondulent en une courbe qui se prolonge et s’assagit dans les arcs qui encadrent les baies vitrées. Le balcon du deuxième étage est couvert aux angles d’une toiture portée par des ramures de bois qui marient harmonieusement courbes et contre-courbes. Le parti décoratif propre à l’architecture classique se conjugue avec l’utilisation de chapiteaux ioniques qui supportent la retombée des arcs, de part et d’autre du pilier central.
©D. Morel, avril 2016 © Institut français d’architecture. La villa dans Arts et Curiosités
Un style d’architecture traverse les couloirs du temps
L’originalité des villas témoigne du charme de la Belle Epoque, avec les bow-windows, les façades colorés et les balcons ouvragés. Les architectes qui ont conçus ces maisons, s’inspirent du style anglo-normand, picard, flamand, de la Renaissance, de Louis XIII, ainsi que de Napoléon III et des années 1930.
Le style des villas représente un « Joyau unique de l’architecture ». Belle promenade le long de l’Esplanade du Général Leclerc (800m) où villas du secteur sauvegardé arborent bow-windows, balcons ouvragés, façades colorées, céramiques qui témoignent du charme de la Belle Epoque. Le style s’inspire également de l’Art Nouveau qui est marqué par l’emploi de la courbe issu du domaine floral ou végétal. Celui-ci est présent sur la plupart des maisons de la station balnéaire.
« Une meilleure adaptation de la construction au climat et de l’édifice au site »
Théophile Bourgeois
Théophile Bourgeois fait parti des dix architectes qui ont participé aux constructions de villas de la ville. Selon lui, les maisons sont construites en fonction du climat car, en bord de mer, il y a plus de risques qu’elles s’abiment. Alors, pour y remédier, des matériaux solides sont pris en compte pour les faire perdurer dans le temps.
Les vacanciers dits « baigneurs » s’y promenaient le long de l’esplanade. Aujourd’hui, c’est toujours le cas. Chaque année une fête est donnée en l’honneur de la Belle Epoque, avec défilés de voitures de collections, costumes d’époque, de bains de mer avec costumes d’époque, animations.
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