Culture

At Eternity’s Gate : le film introspectif sur Vincent Van Gogh, le génie torturé

At Eternity’s Gate est un film sorti en 2018, d’une production Netflix américaine, britannique, et française. Il a été réalisé par Julian Schnabel, cinéaste et peintre qui s’inscrit dans le mouvement néo-expressionniste. Au casting, Oscar Isaac et Mads Mikkelsen donnent la réplique à Willem Dafoe qui interprète Vincent Van Gogh. Il a été nommé pour l’Oscar du meilleur acteur de 2019, et a remporté la coupe Volti de la meilleure interprétation masculine à la Mostra de Venise en 2018.

Ce film retrace les dernières années de la vie de Vincent Van Gogh, de son départ de Paris en 1888. Il revient sur son installation à Arles, son internement dans l’hôpital psychiatrique de Saint-Rémy en Provence, et son suicide à Auvers-sur-Oise. C’est la période sa vie durant laquelle il a peint le plus de toiles. Le réalisateur s’est appuyé sur les lettres de Vincent Van Gogh. Il a écrit plus de 800 lettres à ses proches, dont 652 à son frère Théodore.

A travers les yeux de l’artiste

Le défi que s’est donné Julian Schnabel est de nous montrer la perception du monde par Van Gogh, grâce à des plans épaules (parfois un peu trop tremblant), et des plans rapprochés. Il utilise également des voix off pour exprimer les pensées du peintre. Le film met en valeur le rapport entre la nature et Van Gogh, et sa perception des éléments et des couleurs qui composent les paysages extérieurs. Via des filtres, le jeu de couleurs nous laisse apercevoir la vision bariolée de Van Gogh. Des scènes contemplatives mettent en valeur des paysages ruraux français (le film a été tourné dans le sud de la France).

Entre folie et génie, un rapport à l’art salvateur

Un aspect méditatif sur sa vision de la peinture et du milieu artistique est abordé. Van Gogh se questionne sur l’œuvre d’art, la reconnaissance de ses contemporains et la postérité d’une œuvre, son aspect éternel. Il ne se sent pas reconnu de ses pairs et estime être un artiste qui s’accomplira dans la postérité. Sa relation avec Paul Gauguin est dépeinte comme une entente entre artistes partageant la même vision du monde et s’inscrivant dans le mouvement postimpressionnisme.

Ce film est une introspection, au cœur de la folie qui a détruit la vie de Van Gogh. Il décrit ses démons : des gens, des anges, des voix dans sa tête, des êtres invisibles, malveillants qui le persécute. La peinture est l’exutoire de cette pseudo-bipolarité, un moyen compulsif de s’extirper de ses génies maléfiques. Il se suicide suite à une énième crise alors qu’il avait 37 ans.

La critique salue le jeu d’acteur de Willem Dafoe, qui excelle dans le rôle de Vincent Van Gogh. En revanche, quelques légèretés ont été prises par le réalisateur. On fait l’impasse sur les disputes extrêmement violentes entre Gauguin et Van Gogh, qui ont poussé Paul Gauguin à quitter Arles. Contrairement au Gauguin du film, le peintre n’était pas un grand admirateur des œuvres de Van Gogh. La mutilation et l’alcoolisme, des éléments importants dans la vie de l’artiste, ne sont pas montrés directement.

Le nom de ce film vient du tableau À la porte de l’éternité, qui représente le désespoir et la solitude, des sentiments qui ont animé Van Gogh, incompris et rejeté par la société. Malgré cela on peut désormais affirmer qu’il s’est accompli dans la postérité, et qu’il vit éternellement à travers ses précieux tableaux.

Juliette Gurunlian

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