HOMMAGE – Gérard Houllier est décédé lundi 14 décembre à l’âge de soixante-treize ans, à la suite d’une nouvelle opération de l’aorte. Associé aux succès glanés avec les Reds de Liverpool, qu’il coacha de 1998 à 2004, mais aussi au fiasco des Bleus en 1993, il était un des grands noms de la profession.
« Je vous parle d’un temps, que les moins de vingt ans, ne peuvent pas connaître » chantait Charles Aznavour. Ces mots viennent en tête à l’évocation du nom de Gérard Houllier, que les plus jeunes d’entre nous n’ont sans doute pas connu.
De sa première carrière de professeur d’anglais, il en avait gardé beaucoup. L’allure tout d’abord mais aussi un sens aigu de la pédagogie et son surnom : « prof ». Habitué des stades les plus prestigieux durant trois décennies, rien ne le prédisposait à une telle réussite. Il ne fut jamais joueur professionnel. Mais des bancs du Parc des Princes au milieu des années 1980, à Anfield Road dans les années 2000, « Prof » s’était bâti un des plus beaux palmarès du football français. Triple champion de France, avec le PSG en 1986 et l’OL en 2006 et 2007, il ne rafla pas moins de quatre titres, dont la coupe de l’UEFA, avec le FC Liverpool, lors d’une année 2001 exceptionnelle. Contexte oblige, les supporters des Reds n’étaient que 2000 à recevoir Tottenham hier soir. Mais leur magnifique « You’ll never walk alone » ne perd rien de son intensité et a raisonné en la mémoire de Gérard Houllier.
Son nom renvoie aussi malheureusement à la débâcle de l’équipe de France en 1993. Les Bleus, dont il était le sélectionneur, n’avaient besoin que d’un petit point lors de ses deux dernières rencontres de qualification pour la Coupe du Monde aux États-Unis. Pourtant, en reproduisant un schéma d’échec, ils s’inclinèrent à deux reprises au Parc des Princes. 3-2 face à Israël, 2-1 face à la Bulgarie. Et à chaque fois dans les ultimes secondes, après avoir mené au score. La cavalcade, conclue par un but en lucarne d’Emil Kostadinov à la 90e minute, marque encore les esprits. L’équipe de France était alors minée par la rivalité entre Parisiens et Marseillais, à la grande époque des derbies physiques opposant OM et PSG. Afin de rester positifs, nous nous souviendrons que ce fiasco lui a offert l’opportunité de rebondir (et de quelle manière !) outre-Manche. Son remplacement par Aimé Jacquet a aussi permis aux Bleus de connaître ce qui fut peut-être leur âge d’or, avec en apothéose la victoire de la Coupe du Monde 1998.
Ces dernières années, il s’était éloigné des bancs mais pas du milieu du ballon rond. « Conseiller extérieur » de Jean-Michel Aulas, président du club lyonnais, il avait également pris la « direction mondiale de la branche football » du groupe Red Bull qui possède plusieurs équipes, de New York au Ghana. « Prof » Houllier ne voulait laisser personne marcher seul.